Sur les œuvres de Roselyne B. (fin)

Tiphaine Samoyault.



La lézarde, parce qu’elle annonce son effondrement probable, est l’indice de la vie du mur. Sans la lézarde, le mur est un mur, matière inerte et gourde, on passe devant lui avec indifférence. Sans la fissure, le pli qui devient fente, les œuvres de Roselyne B. seraient solides et belles sans être émouvantes. Mais sur chacune d’elle il y a un point, rarement au centre, qui ramène en lui tout le reste et qui déforme la matière travaillée, comme l’instant déforme aussi le temps. Ce point est sa lézarde : dessinée, mobile, susceptible de s’étendre et de contenir tout, la douleur, la main qui s’est blessée, la jouissance, le souvenir d’enfance. La lézarde est un soleil noir, un deuil qui n’en fini pas mais qui recueille avec soin les moments de la lumière. La lézarde est inconnue aux hommes. Une femme la transmet parce que seule elle sait qu’au bout de sa pénombre où peut-être un animal s’est glissé, une vérité se cache.