Sur les œuvres de Roselyne B. (suite)

Tiphaine Samoyault.



Assise sur un rocher en plein soleil, les pieds dans l’eau – c’est une crique, une calanque -, j’éprouve soudain que mon corps est le point de rencontre des quatre éléments. Cette expérience simple et rare, je la fais de nouveau dans les plis de la matière. L’ocre qui vient, le rouge qui croît, s’infiltre dans le sable, explose sans bruit, sans joie particulière, dans le verre qui le retient. Dans les deux cas, on me démontre physiquement, sans bavardage mystique, ce qu’est l’origine et ce qu’elle devient. La couleur se souvient de l’eau et le verre du sable. Chaque élément retourne au précédent et, comme la mémoire, l’accepte sans le fondre. Les vitraux, les lampes, les tableaux de Roselyne B. peuvent être dits lyriques en cela qu’ils frappent vraiment le regard, comme une lame, une loupe viendraient le faire, que le cri qu’ils expriment est sans appel, que leur beauté est là par mégarde. On est devant eux comme sur ce rocher où j’étais en plein soleil, les pieds dans l’eau, heureux de réunir sur ses épaules et dans ses yeux, tous les points cardinaux, sentir qu’on est la vie.


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